L’ablation


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Un chirurgien réalise une ablation de fibrillation atriale au bloc opératoire.

L’ablation cardiaque est une intervention chirurgicale destinée à traiter certaines formes de troubles du rythme cardiaque, aussi appelées arythmies. 

Elle consiste à isoler ou détruire les petites zones du cœur responsables des signaux électriques anormaux pour rétablir ainsi un rythme cardiaque normal. Cette procédure peut améliorer la qualité de vie des patients en réduisant leurs symptômes et en diminuant le risque de complications à long terme. 

Une ablation… mais rien n’est vraiment enlevé !

Le mot « ablation » peut prêter à confusion ! En réalité, lors d’une ablation cardiaque, aucun tissu n’est retiré du cœur. Le but est simplement de neutraliser les zones responsables des battements irréguliers, pour aider votre cœur à retrouver un rythme normal

Comment se déroule une ablation ?

L’ablation est une procédure peu invasive ce qui signifie qu’il ne s’agit pas d’une opération à cœur ouvert.  Elle est réalisée par voie percutanée, c’est-à-dire en insérant un fin tube flexible appelé cathéter dans un vaisseau sanguin, généralement au niveau de l’aine, pour le guider jusqu’au cœur. 

La plupart des ablations sont réalisées sous anesthésie locale, à l’endroit où sera installé le cathéter permettant de réaliser l’intervention et avec des médicaments anti-douleurs et relaxants si nécessaire, pour garantir le confort du patient. 

Dans un premier temps, le cathéter permet au médecin de cartographier le cœur en détectant les signaux électriques pour localiser précisément l’origine de l’arythmie. Ensuite, le médecin utilise le cathéter pour appliquer de l’énergie sur les tissus responsables des battements irréguliers, créant de petites cicatrices qui empêchent la propagation des signaux électriques anormaux.

L’ablation dure en moyenne entre 1 et 2 heures, selon la technique utilisée. La plupart des patients peuvent rentrer chez eux le jour même, ou bien rester en observation à l’hôpital pour une courte durée.

La destruction des tissus responsables de l’arythmie peut se faire à l’aide de 3 énergies différentes : la radiofréquence, la cryothérapie et l’électroporation. L’énergie choisie par le chirurgien sera délivrée à l’aide du cathéter sur les zones à l’origine des troubles. En résultera la formation de minuscules cicatrices permettant d’empêcher la propagation des signaux électriques anormaux.

Les différentes énergies d’ablation

Trois types d’énergies peuvent être utilisés pour détruire les tissus responsables de l’arythmie : la radiofréquence, la cryothérapie, et l’électroporation. Le choix de l’énergie dépend des besoins du patient et des caractéristiques de l’arythmie.

  • La radiofréquence 

La radiofréquence est la technique la plus couramment utilisée pour l’ablation, en particulier pour traiter la fibrillation atriale. Elle utilise de la chaleur pour détruire les tissus responsables des signaux électriques anormaux. Le cathéter chauffe à environ 40°C, brûlant ainsi les cellules ciblées.

  • La cryothérapie

La cryothérapie est une alternative à la radiofréquence avec une efficacité similaire. Elle utilise le froid (-45°) pour détruire les tissus cardiaques anormaux. Le cathéter est équipé d’un ballonnet gonflable qui se positionne dans l’oreillette gauche, à l’entrée des 4 veines pulmonaires. Le chirurgien vérifiera son emplacement et s’assurera de l’occlusion parfaite des 4 veines pulmonaires avant de refroidir le ballon à l’aide d’azote liquide entre -20° et -60°, ce qui gèle et détruit les cellules anormales. 

  • L’électroporation

L’électroporation est une technique plus récente et particulièrement précise. Contrairement à la radiofréquence et la cryothérapie qui utilisent de la chaleur pour détruire les cellules responsables de l’arythmie, l’électroporation emploie des champs électriques de haut voltage (2000 V) mais de très courte durée (de l’ordre de la micro ou nanoseconde). Cette approche permet de cibler uniquement les cellules responsables de l’arythmie sans affecter les tissus voisins. Les méthodes thermiques comme la radiofréquence et la cryothérapie peuvent exceptionnellement, présenter un risque pour les organes situés près du cœur comme l’œsophage. En revanche, l’électroporation, en évitant l’utilisation de chaleur, réduit ce risque et est donc plus sûre pour les tissus environnants. En plus de cette sécurité accrue, elle est également plus rapide avec une durée moyenne de traitement d’environ 1h. 

Pourquoi envisager une ablation ?

L’ablation cardiaque est généralement proposée lorsque les traitements médicamenteux ne sont plus suffisamment efficaces pour contrôler les troubles du rythme. Elle est particulièrement indiquée pour plusieurs types d’arythmies :

  • La fibrillation atriale/auriculaire. C’est le trouble du rythme le plus fréquent. Ces contractions rapides et irrégulières des oreillettes augmentent le risque d’accident vasculaire cérébral (AVC) et d’insuffisance cardiaque. 
  • Le flutter auriculaire, qui présente des symptômes similaires à ceux de la fibrillation auriculaire, peut également être traité par ablation. 
  • Les tachycardies ventriculaire et supraventriculaires, lorsque le cœur bat trop vite, ce qui peut provoquer des palpitations, des étourdissements et des évanouissements. 
  • La fibrillation ventriculaire : il s’agit d’un trouble plus rare mais potentiellement fatal, qui nécessite une intervention rapide. 

Comment se préparer à l’ablation ?

Avant l’intervention, plusieurs examens sont nécessaires pour bien préparer l’ablation. Le médecin peut prescrire :

Que se passe-t-il après une ablation ?

Dans environ 90 % des cas, une ablation permet de résoudre les problèmes de tachycardie. Pour la fibrillation auriculaire, le taux de réussite est d’environ 80 %, mais il peut augmenter avec une deuxième intervention si nécessaire. Dans la plupart des cas, les patients constatent une nette amélioration de leur qualité de vie : leurs symptômes diminuent considérablement ou disparaissent, et ils ont souvent moins besoin de médicaments, ce qui réduit les effets secondaires.  

Peut-il y avoir des complications ?

principaux risques incluent : 

  • Des complications vasculaires, avec des saignements ou infections peuvent survenir à l’endroit où le cathéter a été inséré.
  • Des complications cardiaques avec des dommages aux tissus sains qui parfois, peuvent nécessiter une intervention d’urgence ou la pose d’un pacemaker. 
  • La sténose des veines pulmonaires qui correspond à un rétrécissement des veines qui peut entrainer un essoufflement.
  •  La formation de caillots sanguins qui peuvent provoquer un AVC ou une embolie pulmonaire. Pour réduire ce risque, des anticoagulants sont administrés avant, pendant et après l’intervention. 

Dans la grande majorité des cas, l’ablation se déroule sans complications graves et apporte un bénéfice significatif aux patients souffrant d’arythmies

Une ablation, est-ce douloureux ?

Pas d’inquiétude, l’ablation n’est généralement pas douloureuse. Vous pourriez ressentir une légère gêne après l’intervention, mais elle disparaît généralement en une semaine. La bonne nouvelle ? Vous pouvez reprendre vos activités quotidiennes assez rapidement, souvent après quelques jours. Juste un petit conseil : attendez un peu avant de soulever des objets lourds !