Alcool, tabac, drogues : des chiffres préoccupants
Plus personne ne l’ignore, l’alcool, le tabac et la drogue peuvent jouer un rôle majeur dans la survenue ou la récidive d’une maladie ou d’un accident du rythme cardiaque, en particulier d’une fibrillation auriculaire. Un rôle quantifié précisément, notamment par une étude menée à très grande échelle en 2021 par une équipe de la Louisiana State University, auprès de 135 000 personnes de moins de 45 ans. Il y apparaît, par exemple, que les fumeurs sont deux fois plus susceptibles de développer une maladie cardiaque prématurée. Le risque est 50 % supérieur à la moyenne pour les personnes qui boivent de l’alcool. Quant aux drogues, les chiffres sont encore plus élevés : un risque multiplié par 2,5 pour les consommateurs de cocaïne et de cannabis, presque 3 pour les amphétamines. Pire, consommer quatre de ces produits au moins conduit à un risque neuf fois plus important.
Non moins préoccupante, l’étude établit que les patients atteints d’une maladie cardiaque prématurée sont plus susceptibles de fumer (63 % contre 41 % pour la population générale), de consommer de l’alcool (32 % contre 15 %), de la cocaïne (13 % contre 2,5 %), des amphétamines (3 % contre 0,5 %) et du cannabis (12,5 % contre 3 %).
Les effets de l’alcool, du tabac et des drogues sur les troubles du rythme cardiaque
Les effets de l’alcool, du tabac et de la drogue sur le cœur sont majeurs et précisément identifiés.
Concernant l’alcool, il augmente la pression artérielle, ce qui accroît de fait les risques de maladies cardiaques. Et lorsque l’on souffre déjà d’une telle pathologie, le maintien d’une pression artérielle stable est essentielle pour prévenir d’éventuelles complications. L’alcool est aussi l’un des facteurs qui peuvent expliquer une arythmie, une fibrillation auriculaire et d’autres complications cardiaques telles qu’une cardiomyopathie. Mais contrairement à la drogue ou au tabac, la consommation d’alcool n’est pas à proscrire si elle est modérée, c’est-à-dire si elle ne dépasse pas un à deux verres par semaine. Attention à certaines idées reçues, ces petites doses ne sont cependant pas non plus bénéfiques pour la santé cardiaque : elles sont le plus souvent sans effet. À partir de trois verres par semaine, le risque est modéré. Au-dessus de sept verres, il est élevé.
Le tabac, lui, est nocif dès la première cigarette. Il est même l’un des principaux facteurs de risque pour les maladies cardiaques, et réduit considérablement les chances de rémission ou de récupération, augmentant les risques de récidive. Le monoxyde de carbone qu’il contient réduit la capacité du sang à transporter l’oxygène. Le cœur doit alors fournir plus d’efforts pour continuer à fournir assez d’oxygène au corps. Le tabac endommage aussi les vaisseaux sanguins, favorisant la survenue de crises cardiaques. En augmentant la viscosité du sang, il favorise aussi l’apparition de caillots, susceptible de provoquer un infarctus. Effet indirect, le tabac influe aussi sur le comportement alimentaire, poussant les fumeurs à préférer des aliments plus riches en acides gras saturés, que l’on appelle aussi les mauvaises graisses, aggravant le risque cardiovasculaire.
L’effet des drogues a, lui, été mesuré notamment dans une étude géante publiée fin 2022, et menée auprès de plus de 23 millions de personnes par des chercheurs de l’Université de Californie. Ces derniers ont étudié les admissions dans les hôpitaux de Californie entre 2005 et 2015 : sur les 23 millions de patients admis, 132 834 consommaient du cannabis, 98 271 consommaient de la méthamphétamine, 48 700 consommaient de la cocaïne et 10 032 consommaient des opiacés. Il apparaît que le risque de fibrillation auriculaire est accru de 35 % pour les utilisateurs de cannabis, de 61 % pour ceux qui consomment de la cocaïne et de 74 % pour les héroïnomanes et ceux qui consomment des opiacés. Les effets de ces drogues sont connus : le cannabis augmente la fréquence cardiaque et la pression artérielle. La cocaïne, comme les amphétamines, ont le même effet. Les opioïdes peuvent notamment provoquer un manque d’oxygène susceptible d’endommager le cœur.
Arrêter sa consommation et améliorer son hygiène de vie
Arrêter l’alcool, le tabac ou la drogue n’est pas chose aisée. C’est pourtant impératif, plus encore lorsque l’on souffre d’un trouble du rythme cardiaque. Mais cela ne s’improvise pas. Des programmes de sevrage doivent être mis en place, en accord avec le cardiologue. Des substituts, dans le cas du tabac par exemple, peuvent être proposés, de même que des médicaments. Il importe de ne pas négliger le soutien psychologique, qui peut être assuré par des thérapeutes, des groupes de soutien et des associations (lire encadré).
Des associations engagées
Il existe un certain nombre d’associations spécialisées dans l’accompagnement des personnes victimes de troubles cardiaques et de leurs proches. Parmi celles-ci, l’Alliance du coeur, qui regroupe elle-même de nombreuses associations un peu partout en France. Plus spécialisées, l’Association des porteurs de dispositifs électriques cardiaques (APODEC) ou l’Association pour les patients insuffisants cardiaques et leurs proches (ASPIC), ou encore l’Association vie et cœur avec insuffisance cardiaque (AVEC), pensée pour les patients et leurs proches.