Quel est le cadre légal ?
Après une maladie ou un accident du rythme cardiaque, l’immense majorité des personnes concernées peut conserver son emploi. L’arrêt de travail prescrit par le médecin peut être plus ou moins long, selon la gravité de l’accident et les séquelles qu’il laisse, mais aussi selon l’état de santé général et les caractéristiques de l’emploi exercé. Dans le cas d’un infarctus sans complication, par exemple, l’indisponibilité est en général de quatre semaines pour un travail sédentaire, ou du double pour un emploi qui ne l’est pas. Si l’absence est supérieure à un mois, une visite de reprise auprès de la médecine du travail est obligatoire dans un délai de huit jours.
Dans tous les cas, l’avis du cardiologue est essentiel avant de reprendre une activité professionnelle.
Il est important de savoir que la loi n’oblige pas à informer son employeur de ses problèmes de santé. L’arrêt maladie qui lui est transmis ne les précise d’ailleurs pas. Dans la pratique, une discussion saine avec un employeur peut notamment faciliter le retour au travail. Si ce n’est pas possible, il reste souhaitable de prévenir un collègue de confiance, dans l’idéal le référent santé sécurité, susceptible de connaître la conduite à tenir en cas de récidive.
Pour les porteurs d’un défibrillateur
Rien n’empêche de retourner au travail quand on est porteur d’un défibrillateur automatique implantable, à condition évidemment que les symptômes du trouble cardiaque ayant conduit à sa pose aient disparu. C’est donc une décision à prendre en accord avec les médecins
Les tests à effectuer
Pour évaluer la capacité d’une personne victime d’un trouble du rythme cardiaque à reprendre le travail, un certain nombre de tests ou d’examens cliniques vont être conduits.
Le premier d’entre eux consiste en un examen clinique. Douleurs thoraciques, essoufflement, évanouissement sont des symptômes qui doivent avoir totalement disparu. Le cœur doit avoir retrouvé un rythme normal.
Viennent ensuite des tests fonctionnels, à l’effort notamment, ainsi que plus spécifiquement des examens pour évaluer la capacité de la personne à composer avec le stress physique et émotionnel lié à la reprise d’une activité professionnelle.
Enfin dans certains cas, il faudra revoir une partie des médicaments prescrits, qui peuvent affecter la vigilance. C’est le médecin qui fera le nécessaire pour ajuster le traitement, si c’est possible.
Reprendre le chemin du travail
Reprendre le travail après une maladie ou un accident du rythme cardiaque peut évidemment être une question d’impératif financier, mais c’est aussi un pas important sur le chemin de la rémission et d’un retour à une vie aussi normale que possible.
Il ne faut cependant pas en négliger la difficulté. Certes, selon les symptômes, 67 à 93% des personnes victimes de ces troubles retournent travailler dans un délai de trois mois. Mais elles sont aussi un quart à démissionner au bout d’un an, d’après une étude publiée en 2019 par l’European Journal of Preventive Cardiology.
Un chiffre qui incite à ne surtout pas négliger la réflexion à avoir en amont d’une reprise. Autant que possible, celle-ci doit se faire en concertation avec l’employeur. Car dans certains cas, il va être nécessaire d’adapter les horaires ou les conditions de travail, voire l’équipement. De même, selon les emplois, il sera préférable de reprendre progressivement, et d’augmenter la charge de travail au fur et à mesure.
Pour tenter d’éviter au maximum le stress potentiellement lié à la reprise de l’activité, des exercices de méditation, de respiration, de concentration et de pleine conscience sont particulièrement recommandés. La méditation de pleine conscience aide ainsi à protéger le cœur, dans la mesure où elle permet d’améliorer le bien-être de chacun, de diminuer le stress et de réduire l’anxiété. Plus globalement, les techniques de relaxation ont un effet particulièrement bénéfique dans les mois qui suivent un problème cardiaque.
Au-delà de la visite médicale, un point régulier avec le cardiologue doit être fait pour vérifier que la reprise professionnelle n’a pas d’effets néfastes.
Pour se faire dans les meilleures conditions possibles, la reprise doit souvent être associée à des changements dans les habitudes de vie.
Cela inclut une reprise de l’activité physique, mais aussi un changement d’alimentation, l’arrêt du tabac et de l’alcool selon les cas.
Enfin les associations d’aide aux victimes de troubles du rythme cardiaque (lire encadré) peuvent aider sur tous les sujets liés au retour à l’emploi. Les groupes de parole, notamment, sont des espaces particulièrement propices aux retours d’expériences.
Une retraite un peu plus tôt
Avoir été victime d’un accident cardiaque n’ouvre pas automatiquement le droit à un départ anticipé à la retraite, même dans le cas d’un infarctus par exemple. Mais il arrive que les séquelles soient si importantes, ou le risque de récidive si élevé, que l’on puisse demander un départ anticipé à deux titres. Cela peut se faire soit au titre de la pénibilité, à partir de 60 ans pour une invalidité de 20% au moins, ou bien deux ans avant l’âge de départ à la retraite prévu pour une invalidité entre 10 et 20%. Dans les deux cas, la retraite est versée à taux plein. Enfin il est aussi possible de demander un départ au titre de l’inaptitude à partir de 62 ans, sur avis du médecin de la caisse de retraite, ou en cas de perception d’une pension d’invalidité ou d’Allocation aux adultes handicapés (AAH) , ou enfin en pouvant justifier d’une incapacité de 50% au moins.
Des associations engagées
Il existe un certain nombre d’associations spécialisées dans l’accompagnement des personnes victimes de troubles cardiaques et de leurs proches. Parmi celles-ci, l’Alliance du coeur, qui regroupe elle-même de nombreuses associations un peu partout en France. Plus spécialisées, l’Association des porteurs de dispositifs électriques cardiaques (APODEC) ou l’Association pour les patients insuffisants cardiaques et leurs proches (ASPIC), ou encore Coeur des Mamans Priorité Prévention . Sans oublier l’Association vie et coeur avec insuffisance cardiaque (AVEC), pensée pour les patients et leurs proches.