Quel est le cadre légal ?
Lorsqu’on est atteint d’une maladie du rythme cardiaque ou après la survenue d’un accident cardiaque, il est le plus souvent possible de reprendre le volant. Pas toujours, cependant, et la loi fixe sur le sujet un cadre assez précis pour le permis B, dont il sera ici principalement question. L’immense majorité des affections oblige à recueillir l’aval des autorités médicales avant de conduire à nouveau, et le feu vert dépend d’un test clinique et de la disparition des symptômes. C’est le cas, par exemple, d’une fibrillation auriculaire ou d’une tachycardie ventriculaire. La reprise après certains accidents peut aussi être conditionnée à une durée minimale, comme le délai de quatre semaines après un infarctus du myocarde. En cas d’opération, on considère qu’il faut un délai minimal de quatre semaines après la sortie de l’hôpital pour pouvoir conduire une voiture automatique, de huit semaines pour un véhicule manuel.
Il existe quelques rares cas d’incompatibilité absolue, notamment lorsque l’on porte un défibrillateur externe portable, sous la forme d’un gilet (lire encadré), ou encore en cas d’insuffisance cardiaqueau stade le plus grave, classée New York Heart Association (NYHA) IV.
Si la personne est amenée à conduire dans un autre pays, la loi peut sensiblement varier, y compris même au sein de l’Europe où il n’existe pas d’harmonisation sur ce point. Il convient donc de se renseigner avant le départ, sous peine de ne pas pouvoir prendre le volant une fois dans le pays.
Pour les porteurs d’un défibrillateur
Un arrêté datant du 28 mars 2022 est venu préciser dans quels cas les personnes qui sont porteuses d’un défibrillateur automatique implantable peuvent continuer de conduire. Il apparaît que pour les défibrillateurs en prévention primaire — c’est-à-dire pour les personnes présentant de nombreux facteurs de risque, mais n’ayant pas eu d’accident cardiaque —, la conduite est possible quatre semaines après leur pose. En prévention secondaire -pour les personnes ayant déjà eu un accident cardiaque —, il faut trois mois. En revanche, le port d’un défibrillateur se présentant sous la forme d’un gilet empêche la conduite : cet équipement est destiné à des personnes présentant des risques de mort subite.
Pour les poids lourds, des règles spécifiques
Revenir au volant d’un poids lourd après un accident ou une maladie du rythme cardiaque n’est pas impossible mais se fait dans des conditions précises. Il faut ainsi que le chauffeur subisse une visite avant un médecin agréé par la préfecture, qui est aussi en droit de solliciter l’avis d’un cardiologue. Cette visite doit être renouvelée tous les cinq ans jusqu’à l’âge de 60 ans, puis tous les deux ans jusqu’à 76 ans, et chaque année ensuite.
Les bénéfices et inconvénients
Pour des personnes qui conduisaient avant leur accident ou leur maladie du rythme cardiaque, reprendre le volant peut avoir des bénéfices considérables. Sur leur socialisation d’abord ; pour une partie d’entre elles, la voiture est indispensable au quotidien. Pour faire des courses, se rendre dans des lieux de culture, au travail, mais aussi parfois tout simplement afin d’honorer des rendez-vous médicaux.
Au-delà de ces aspects purement pratiques et très importants, conduire à nouveau est une manière d’avancer, et peut donc être bénéfique pour le moral et pour un rétablissement plus rapide et durable.
A contrario, conduire peut aussi être un facteur de stress, ce qui accroît le risque de maladies cardiaques. Sans oublier que, même si cela reste marginal (lire encadré), il y a un risque pour soi-même et pour les autres si un nouvel épisode survient. Il convient donc de mesurer la situation le plus finement possible avec son cardiologue pour évaluer la balance bénéfices/risques avant une reprise de la conduite.
Les tests à réaliser
Pour évaluer la capacité d’une personne victime d’un trouble du rythme cardiaque à reprendre le volant, un certain nombre de tests ou d’examens cliniques vont être conduits.
Le premier d’entre eux consiste en un examen clinique. Douleurs thoraciques, essoufflement, évanouissement sont des symptômes qui doivent avoir totalement disparu. Le cœur doit avoir retrouvé un rythme normal.
Viennent ensuite des tests fonctionnels, à l’effort notamment, ainsi que plus spécifiquement pour évaluer la capacité de la personne à composer avec le stress physique et émotionnel lié à la conduite.
Enfin, dans certains cas, il faudra revoir une partie des médicaments prescrits, qui peuvent affecter la vigilance. C’est le médecin qui fera le nécessaire pour ajuster le traitement, si c’est possible.
Reprendre la conduite
Dès lors que le feu vert est donné par l’avis médical, la conduite peut reprendre. Mais pour le faire de la manière la plus sûre possible, quelques règles simples peuvent être observées.
D’abord, reprendre progressivement : commencer par de petites routes, de courts trajets, pour regagner confiance. Éviter au début les conditions stressantes, comme une mauvaise météo ou une route embouteillée. Ensuite il convient de surveiller particulièrement ses symptômes : un évanouissement au volant peut être fatal.
Enfin, il convient de bien se renseigner auprès de son assurance. Certaines d’entre elles peuvent appliquer une surprime, ou même des exclusions de garantie, en cas par exemple d’infarctus du myocarde.
Des causes d’accidentologie assez rares
Avoir un accident de la route en raison d’un problème de santé est exceptionnel, et cette cause est très largement distancée par les trois principales que sont l’alcool, la vitesse et l’inattention. Elle existe cependant, et a été particulièrement documentée en Grande-Bretagne, sur près de 10 000 accidents de la route. Seuls 15 étaient liés à un problème médical. Une autre étude britannique précisait que 8 % seulement des pertes de connaissance au volant étaient liées à des cardiopathies, dont la moitié étaient des infarctus du myocarde.