La tachycardie est un emballement du cœur. Elle peut provenir des oreillettes ou des ventricules, et c’est ce dernier cas que nous évoquerons ici : la tachycardie ventriculaire.
Le cœur est un organe qui comprend quatre cavités. Deux oreillettes et deux ventricules, à droite et à gauche.
Chaque ventricule a un rôle distinct. Le droit se contracte et expulse le sang vers les artères pulmonaires.
Le ventricule gauche, lui, se contracte et expulse le sang dans l’aorte. Oxygéné, le sang est ensuite distribué aux organes, aux muscles et aux tissus de l’organisme.
Les oreillettes et les ventricules se contractent sous l’effet d’une impulsion électrique. Au repos, pour une personne en bonne santé, ce rythme se situe entre 60 et 100 battements par minute.
Au-dessus de 100 battements cardiaques par minute, au repos, on parle de tachycardie.
La tachycardie ventriculaire peut être très brève, et même ne pas être ressentie par le patient.
Elle peut aussi être soutenue dans le temps, empêchant les ventricules de correctement se remplir et d’expulser le sang. Il y a donc un bas débit cardiaque et un risque d’arrêt cardio-circulatoire.
Symptômes
Lorsqu’elle est ressentie, ce qui n’est donc pas toujours le cas, la tachycardie ventriculaire entraine des palpitations, une sensation vertigineuse, des difficultés à respirer, voire une syncope (malaise avec perte de connaissance).
Elle peut entrainer une insuffisance cardiaque, ou une fibrillation ventriculaire, et un arrêt cardiaque.
Il peut s’agir d’épisodes très brefs, de quelques secondes, ou plus longs, jusqu’à plusieurs heures.
Diagnostic
L’examen clé permettant d’établir le diagnostic de tachycardie ventriculaire est l’électrocardiogramme. Le diagnostic peut également être posé suite aux enregistrements d’un Holter-ECG (petit boîtier permettant d’enregistrer durant 24-48 heures le rythme du cœur). Enfin, une tachycardie ventriculaire peut être observée sur les enregistrements d’un holter implantable (dispositif sous-cutané de petite taille qui enregistre l’activité cardiaque pendant 3 ans).
Une fois le diagnostic établi, un bilan complet est réalisé à la recherche d’une cause. Une prise de sang complète est effectuée, ainsi qu’une échocardiographie. Une coronographie est fréquemment réalisée pour rechercher une atteinte des artères du cœur (les artères coronaires).
D’autres examens peuvent être prescrits, comme une épreuve d’effort et une IRM cardiaque.
Qu’est-ce qu’un électrocardiogramme ?
C’est un examen qui enregistre l’activité électrique du cœur sur un temps donné. Il détermine la vitesse à laquelle le cœur bat (fréquence cardiaque) et si celui-ci bat normalement (rythme cardiaque). L’acronyme est ECG.
Traitement
Le traitement de la tachycardie ventriculaire dépend du degré d’urgence.
Le traitement d’urgence consiste en une réanimation cardiopulmonaire avec défibrillation immédiate. La personne qui en est témoin doit immédiatement appeler les secours en composant le 15. En attendant leur arrivée, elle doit réaliser le massage cardiaque et se procurer un défibrillateur automatisé externe (DAE) : il existe des sites et des applications pour les localiser en quelques secondes. En cas d’absence de DAE, le témoin doit prodiguer un massage cardiaque jusqu’à l’arrivée des secours.
Le temps de réaction des témoins est essentiel : chaque minute passée sans masser une personne en arrêt cardiaque, c’est 10% de chance de survie en moins !
Comment faire un massage cardiaque ?
De nombreux organismes, comme la Croix rouge ou la Protection civile, proposent des formations au massage cardiaque. C’est évidemment la meilleure manière de se préparer à l’éventualité d’une intervention.
Si vous êtes témoin d’un arrêt cardiaque, sachez intervenir !
- Allongez la personne sur une surface dure et mettez-vous à genoux contre elle, sur le côté.
- Positionnez les mains l’une contre l’autre, au milieu du thorax, bras tendus.
- À la verticale, appuyez ensuite de tout votre poids pour exercer des pressions fortes. Les mains doivent s’enfoncer de 5 à 6 centimètres puis remonter pour faire circuler le sang. Les pressions doivent idéalement se faire au rythme de 100 par minutes.
- Toutes les 30 pressions, exercez un bouche-à-bouche si vous avez appris à le faire. Sinon, poursuivez le massage jusqu’à l’arrivée des secours ou jusqu’à ce que le défibrillateur vous ordonne d’arrêter.
Qu’est-ce qu’un défibrillateur automatisé externe ?
Un défibrillateur automatisé externe (DAE) est un appareil apparu dans les années 1990, et qui depuis 2007 est mis à la disposition du grand public par le Ministère de la Santé. L’appareil délivre une impulsion électrique pour rétablir le rythme cardiaque. En France, hors établissements hospitaliers, on compte plus de 400 000 DAE.
Il en existe de deux sortes :
- le semi-automatique, qui délivre le choc lorsque l’utilisateur appuie sur un bouton.
- L’automatique, qui ne nécessite pas cette intervention.
Dans les deux cas, les DAE sont équipés d’une assistance vocale qui guide l’utilisateur, l’aide à prodiguer le massage cardiaque et à placer les électrodes. C’est aussi lui qui diagnostique et décide s’il faut ou non déclencher une impulsion.
Il existe des applications permettant de localiser les défibrillateurs les plus proches, la plus exhaustive étant Staying alive.
Si la tachycardie ventriculaire est causée par un trouble réversible, celui-ci doit être traité.
Dans la majorité des cas, la survenue d’une tachycardie ventriculaire conduit à l’implantation d’un défibrillateur. Celui-ci détecte l’activité électrique cardiaque et délivre une stimulation anti-tachycardique ou un choc électrique en cas d’arythmie.
Qu’est-ce qu’un défibrillateur implantable ?
Les défibrillateurs implantables sont des petits boîtiers reliés à des sondes vissées dans le cœur ou insérées sous la peau. Ils ne doivent pas être confondus avec les défibrillateurs automatisés externes.
Des médicaments anti-arythmiques peuvent également être prescrits.
Enfin, une ablation de tachycardie ventriculaire peut être effectuée. En pratique, il s’agit d’acheminer un cathéter dans le(s) ventricule(s) à partir d’une ponction veineuse ou artérielle au pli de l’aine en suivant ensuite les vaisseaux sanguins. On réalise une carte du ou des ventricule(s) pour identifier les zones malades, qui sont ensuite ablatées. L’ablation correspond à une destruction ciblée de tissu cardiaque malade. Différentes énergies peuvent être employées : la radiofréquence, l’électroporation et la cryoablation.
Relecture et validation : Dr Marine Arnaud, cardiologue CHU Bordeaux