Tous les infarctus du myocarde, fort heureusement, ne sont pas mortels. Pour les personnes qui y ont survécu, il est nécessaire de mettre en place un suivi médical strict car le cœur a pu subir des dommages importants, entraînant des maladies du muscle cardiaque : les cardiomyopathies.
Une myocardiopathie (ou cardiomyopathie) est une maladie du muscle cardiaque qui entraîne un défaut de contraction et réduit ainsi la capacité du cœur à pomper le sang.
Elles peuvent être de trois sortes :
- La cardiomyopathie dilatée, d’abord, qui est la plus courante. Les cavités du cœur sont élargies et le ventricule gauche est dilaté. Il ne peut plus se contracter correctement et expulser comme il le devrait le sang dans l’aorte.
- Il existe aussi la cardiomyopathie hypertrophique. Dans ce cas, le ventricule gauche devient trop épais et ne fonctionne plus correctement.
- Enfin il existe la cardiomyopathie restrictive. Le cœur se rigidifie, perd de sa souplesse et ses cavités ne se remplissent plus correctement.
Symptômes
En fonction du type de maladie, les symptômes des cardiomyopathies après un infarctus varient. La personne peut ressentir un essoufflement, en particulier lors d’un effort physique puis au repos à un stade avancé, ou encore une inhabituelle fatigue. Des œdèmes peuvent survenir, se traduisant par un gonflement des chevilles ou des jambes. Il est aussi possible de ressentir des palpitations et des douleurs thoraciques.
Le moindre symptôme doit amener à consulter le plus rapidement possible.
Diagnostic
Le premier symptôme est souvent la douleur thoracique. Dans tous les cas, dès les premiers symptômes et après examen du médecin généraliste, qui peut déjà poser un premier diagnostic, des examens complémentaires vont être effectués.
L’électrocardiogramme (ECG) va permettre de confirmer le diagnostic, et de mesurer la présence de dilatation ou de rigidité des cavités cardiaques. Il peut être complété par le biais d’un Holter, un petit boîtier permettant d’enregistrer durant 24 heures le rythme du cœur.
On peut aussi ajouter un test d’effort, en pédalant sur un vélo ou en courant sur un tapis, tout en effectuant un ECG.
L’échocardiographie permet d’affiner encore le diagnostic dans certains cas, en analysant le fonctionnement du cœur et de ses structures.
Il existe aussi le cathétérisme cardiaque, qui permet de repérer les vaisseaux sanguins rétrécis.
Qu’est-ce qu’un électrocardiogramme ?
C’est un examen qui enregistre l’activité électrique du cœur sur un temps donné. Il détermine la vitesse à laquelle le cœur bat (fréquence cardiaque), si celui-ci bat normalement (rythme cardiaque) et l’efficacité du muscle cardiaque. L’électrocardiogramme est aussi appelé ECG.
Traitement
Après le traitement à la phase aiguë souvent en intra hospitalier, pour prévenir les complications et diminuer les récidives divers traitements vont être mis en place.
Des médicaments sont parfois prescrits, tels que des bêta-bloquants, qui vont ralentir le rythme cardiaque, ou des antihypertenseurs qui réduisent la charge de travail du cœur, ou encore les diurétiques, pour lutter contre les œdèmes notamment.
Il est aussi possible de prendre des anticoagulants, prévenant la formation de caillots sanguins.
Des dispositifs médicaux peuvent être posés, comme un pacemaker, qui va traiter les bradycardies, ou encore le défibrillateur implantable pour prévenir les arythmies ventriculaires.
Des interventions chirurgicales peuvent aussi être nécessaires telles que les pontages coronariens, quand une revascularisation est nécessaire.
Dans les cas où ni les médicaments ni les dispositifs médicaux ne fonctionnent, il est possible d’envisager une transplantation cardiaque.
Réadaptation
Une personne ayant subi un infarctus présente des risques forts de cardiomyopathies. Son suivi médical régulier est donc absolument indispensable. Pour autant, il ne suffit pas à prévenir autant que possible la survenue de maladies. On entre dans une période appelée réadaptation cardio-vasculaire. Il s’agit de retrouver ses capacités physiques, de réadapter le cœur à l’effort, de regagner une confiance mise à mal par l’infarctus, mais aussi de modifier ses comportements à long terme et de retrouver des habitudes plus saines.
Selon les cas, une réadaptation dite ambulatoire, permettant de rester à domicile, est proposée. La personne vit chez elle, mais se rend régulièrement -deux à trois fois par semaine, pendant un à trois mois environ- dans un centre où elle va avoir une activité physique, se voir dispenser des conseils et évidemment recevoir un suivi médical.
Dans d’autres cas, une réadaptation en centre est nécessaire, où le programme sera le même ou plus intensif, et le suivi médical plus étroit.
Dans tous les cas, des modifications dans les habitudes et les modes de vie doivent intervenir. Il peut s’agir d’arrêter le tabac ou l’alcool , perdre du poids, réduire le taux de cholestérol en modifiant son alimentation, ou de réaliser des exercices physiques plus réguliers.
Mais la réhabilitation peut aussi passer par une prise en charge psychologique ou sociale : avoir subi un tel accident de vie n’est pas anodin et peut influer à long terme sur l’humeur et le moral, accroissant les risques de récidive.
80 000
C’est le nombre d’infarctus du myocarde par an en France.
10 %
Selon l’Institut national de la santé et de la recherche médicale, l’infarctus est mortel dans l’heure chez un patient sur 10.
15 %
Selon l’Institut national de la santé et de la recherche médicale, c’est le taux de mortalité à un an d’un infarctus.
Relecture et validation : Dr Bouyer, cardiologue CHU Bordeaux